C'était l'été 2014. À 36 ans, j'étais plus en forme que jamais. Je venais de terminer les programmes d'entraînement "Insanity" et "Focus T25" qui m'ont permis de perdre 35 lbs. Sans le savoir, je me préparais alors à mener le combat de ma vie: vaincre un cancer du sein triple négatif, le pire qui soit.

Tout a déboulé très rapidement. J'ai reçu mon diagnostic le 16 juillet 2014. À ce moment, ma masse avait doublé en 1 mois, le cancer progressait très rapidement. S'est donc enchaîné la chimiothérapie qui a débuté le 28 juillet 2014. De fortes doses, hors protocole, car j'étais jeune et en bonne santé. Mon corps pouvait se le permettre. J'ai eu 4 traitements à toutes les deux semaines et ensuite j'ai eu 12 traitements à toutes les semaines. Dans ce deuxième cycle, j'ai également reçu un traitement expérimental dans le cas du cancer du sein. Mon hémato-oncologue, Dr. Alain Bestavros de la Cité de la Santé à Laval, voulait tout tenter pour me sauver. Malgré le refus des autres hémato-oncologue de me donner ce traitement, j'ai décidé de plonger avec lui.

Lors de mon diagnostic, la seule chose que j'avais en tête c'était de vivre et de continuer ma vie tel quel. Je suis maman de deux jeunes enfants. Je voulais être là pour les voir grandir. Je ne voulais rien changer à ma vie. Je voulais montrer à mes enfants une maman forte et déterminée. J'ai donc décidé de continuer à m'entraîner. Malgré les traitements de chimio et deux transfusions sanguines tellement mes globules rouges avaient chuté drastiquement, j'ai continué à m'entraîner 5 jours par semaine, sans relâche pendans les 5 mois qu'ont durés mes traitements. C'est ce qui m'a littéralement sauvé. À chaque fois que je m'entraînais, je visualisais mon cancer et je me disais que j'étais plus forte que lui, qu'il n'aurait pas le dessus sur moi. L'infirmier-chef de l'hôpital m'a même dit qu'il n'y avait aucun médicament aussi efficace que l'exercice physique pour combattre les effets secondaires de la chimiothérapie.

Le 5 octobre 2014, je me suis inscrite à la Course à la vie CIBC. J'ai décidé que malgré la chimio, j'allais courir mon premier 5 km à vie. Je l'ai fais à ma vitesse, mais je l'ai fais! Une grande fierté et un grand accomplissement!

Ma chimio s'est terminé juste avant Noël 2014, un beau cadeau! J'ai subi une mastectomie complète du sein droit le 9 janvier 2015. Mon sein était trop atteint, on n'a pas pu le sauver. On m'a également enlevé 19 ganglions. Dix jours après mon opération, je reprenais l'entraînement, malgré mon drain et les douleurs au bras. J'ai récupé beaucoup plus rapidement justement à cause de l'entraînement.

Le 9 mars 2015, je débute ma radiothérapie. 25 traitements. Comme j'ai eu une mastectomie complète, on devait traiter non seulement toute la zone du thorax, mais aussi ma cicatrice en surface. J'ai eu des brûlures au deuxième degré. Je n'ai jamais arrêté de m'entraîner.

 
Dans tout ce parcours, j'ai pris contact avec la Fondation québécoise du cancer du sein. On a décidé de me nommer Ambassadrice pour la Course à la vie CIBC le 4 octobre 2015. Ils trouvaient que je repésentais bien l'esprit de la course. C'est avec un immense honneur et beaucoup d'excitation que j'ai représenté les femmes atteintes lors de cette journée symbolique pour moi. En octobre 2014 je l'ai couru sous chimio. En octobre 2015, non seulement j'ai été l'ambassadrice, mais j'ai courru officiellement mon 5km en pleine santé.

Le 13 novembre 2015, j'ai subi une mastectomie du sein gauche. À travers mon cancer, j'ai passé des tests génétiques au CHUM qui ont révélé que j'étais porteuse du gène PALB2, gène du cancer du sein. Comme j'avais 40 à 58% de chance de développer le cancer dans mon autre sein, j'ai pris la décision de l'enlever. À ce moment, on m'a installé un expanseur de chaque côté en vue de la reconstrution éventuelle. Il s'agit d'une prothèse dégonflée qui va sert à étirer la peau graduellement. À toutes les deux semaines pendant 6 mois j'avais un rendez-vous à l'hôpital avec mon plasticien pour faire un "remplissge" dans le but d'étirer ma peau un peu plus à chaque fois.

J'ai subi mon opération de reconstruction le 23 aôut 2016.  Je me suis fais enlever mes expanseurs et me suis fait poser les prothèses finales.  Malheureusement, du côté ou j'ai eu mon cancer du sein et ma radiothérapie, la peau qui avait été brûlée et fragilisée n'a pas tenue le coup et a déchiré.  J'ai dû me faire réopérer en urgence pour enlever la prothèse à cause du risque d'infection.  Je me suis retrouvée comme lors de ma première mastectomie.  Ça été un coup dur pour moi à ce moment de retourner à la case départ.  Malgré tout, je n'ai pas arrêté de m'entraîner.

Du 10 au 21 novembre 2016, je me suis envolée vers le Pérou pour relever un défi physique, soit de faire un trek de 45 km sur le chemin des Incas jusqu'au Machu Picchu.  Je me suis associée à la Société de recherche sur le cancer pour laquelle je devais ramasser la somme de 9000$.  Ce fut pour moi mémorable en tous points.  Après tout ce que j'avais traversé dans les deux denières année, c'était pour moi une sorte de pèlerinage, MON pèlerinage.  J'avais besoin d'être confrontée physiquement, de pousser mon corps à bout, comme pour prouver que mon cancer ne fait plus partie de moi.

J'ai subi ma 5ème opération le 13 mars 2017.  Je me suis fais reconstruire le sein pour un 2ème fois.  Une opération qui a duré 7 heures qui a consistée à prendre la peau de mon ventre pour reconstruire l'enveloppe de mon sein et prendre le gras de mon ventre pour remplir le sein.  J'ai été ouverte d'une hanche à l'autre.  La convalescence a été longue et ardue.  L'opération a cette fois bien réussie.  Mais les nombreuses cicatrices sur mon corps me rappellent quotidiennement le combat que j'ai dû livrer pour en arriver jusque là.

En juin 2018, j'ai relevé un 2ème défi avec la Société de recherche sur le cancer.  Je me suis envolée vers l'Islande pour faire le trek du Laugavegur, un défi de taille de 135 km en 6 jours, où j'ai bravé toutes les intempéries, le froid, le vent, la pluie, le blizzard, la neige.  J'ai ramassé cette fois la somme de 10 000$.

Dans mon "autre" vie, j'avais tendance à regarder "le train passer". Aujourd'hui j'ai le goût de le prendre ce train.  J'ai fais un premier trek au Pérou et ça m'a donné la piqûre des voyages.  Je récidive cette fois en m'inscrivant pour un 3ème défi, soit un trek en Inde.  Aujourd'hui j'ai le goût de le prendre ce train. Pousser mon corps à bout me rappele que je suis en vie.

Merci de m’encourager à relever cet important défi et je m’engage à vous tenir au courant des progrès de ma campagne.  Je dois ramasser cette fois 10 000$.

Merci du fond du coeur!!!!

Karine